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Synthèse sur les conditions de l’emploi salarié et de ses conséquences sur les élèves de l'IEP

Publié le 10 octobre 2023 Mis à jour le 13 octobre 2023

Direction aux formations (enquête réalisée par Mme Desse sous la responsabilité de M. Pénéranda, Directeur adjoint aux formations)

Le présent rapport est issu de l’analyse d’une enquête Framaform réalisée à destination des étudiant.es cumulant études et emploi. Le questionnaire a été soumis aux étudiant.es pendant 1 mois, du 6 juin au 6 juillet 2023 et a recueilli au total 122 réponses parmi les étudiants du diplôme, dont les 3e année en mobilité non concernés par l’enquête (la population mère se situe donc approximativement autour du millier de personnes, ce qui constitue un résultat honorable bien que plus indicatif que véritablement représentatif).
78% des répondants ne perçoivent aucune bourse CROUS. Rappelons qu’il faut ajouter aux non boursiers répondants à l'enquête (53%), les « 0 bis », (16,1%) qui sont simplement exonérés des droits et ne perçoivent pas non plus de bourses CROUS.
Sur les 122 répondants, 13 personnes ont effectivement demandé une aide sociale à l’IEP. On sait que les conditions d’obtention des aides d’urgence comme des aides sociales ont été élargi l’an dernier par la direction mais il apparait qu’une méconnaissance de l’accès à ces aides par les étudiant.es semble persister, ce qui justifie d’intensifier la communication sur ces droits.
Parmi les 58 personnes ayant déclaré ne pas avoir d'emploi, seulement 3 ont indiqué avoir déjà occupé un emploi par le passé. Le rapport (ou le non-rapport) au travail salarié à côté pourrait s’inscrire dans une pratique plus ancienne. Si les emplois saisonniers effectués pendant l'été doivent être distingués, ils contribuent souvent à un indispensable complément de revenus et empêchent le repos, dont les autres étudiants bénéficient en période de vacances scolaires.
Sur les 64 personnes interrogées qui ont déclaré occuper un emploi, 28 d'entre elles ont précisé être bénéficiaires d'une bourse, dont 15 « 0 bis » soit 13 qui perçoivent véritablement une bourse CROUS.

80% des étudiant.es salarié.es ne sont donc pas des boursiers CROUS avec une forte concentration sur les 0bis (15/64) qui témoignent ainsi de la nécessité de faire porter les efforts financiers sur ces étudiants « à la limite des bourses CROUS », généralement issus des classes moyennes, ainsi que sur les plus bas échelons de boursiers CROUS ou la part d’étudiants salariés augmente à nouveau.
Tableau de répartition des étudiant.es boursier.es ayant un emploi en fonction de leur échelon.
Nombre de personnes boursières Échelon de la bourse Pourcentage par rapport à la totalité des étudiant.es boursier.es. Pourcentage par rapport à la totalité de interrogé.es qui ont un emploi.
15 0bis 53.6% 23.4%
5 2 17.9% 7.8%
1 3 3.6% 1.6%
1 4 3.6% 1.6%
1 5 3.6% 1.6%
3 6 10.7% 4.7%
2 7 7.1% 3.1%
28 100% 100%

Les plus représenté.es dans l'enquête sont ceux et celles au-dessus des échelons CROUS (Obis) et au contrebas (échelons 6 et 7).
 
Tableau de satisfaction des besoins des étudiant.es en fonction de leur statut.
Besoins satisfaits Besoins non-satisfaits Total
Boursiers 13 (46%) 15 (54%) 28 (44%)
Non-boursiers 21 (58%) 15 (42%) 36 (56%)
Total 34 (53%) 30 (47%) 64 (100%)

Bien qu’une moitié des étudiant.es (soit 53%) déclarent être en mesure de subvenir à leurs besoins, 12 points séparent les boursiers des non boursiers.
Il est encore essentiel de prendre en compte les motivations et les caractéristiques des emplois des étudiant.es/
 
Tableau de répartition des étudiant.es par type d'emploi.
Type d'emplois Nombre de personnes Proportion en pourcentage
CDD 32 50%
CDI 6 9.4%
CONTRAT D'INTÉRIM 3 4.9%
INDÉPENDANT 12 18.8%
SERVICE CIVIQUE 1 1.6%
AUTRES 10 15.6%
TOTAL 64 100%

La moitié des étudiant.es qui ont un emploi sont sous contrat à durée déterminée (CDD) et une proportion importante d'étudiant.es est en mesure de fournir un contrat de travail à l'administration.

Il convient de noter qu'un pourcentage de 15,6% des étudiant.es a déclaré "autres" pour définir leur emploi : il est actuellement difficile de déterminer si ces emplois sont déclarés ou non. Peut-être est-il nécessaire de mener des investigations supplémentaires pour mieux comprendre la nature des emplois classés comme "autres" et évaluer leur impact sur la situation financière et psychologique des étudiant.es. Parmi les 10 personnes qui ont répondu "autres", 6 sur 10 estiment ne pas être en mesure de subvenir à leurs besoins. Cette catégorie d'emplois qualifiés d'"autres" peut englober des situations complexes en dehors du marché du travail régulier, notamment la participation à l'économie souterraine avec des horaires peu fixes, des conditions de travail difficiles et une rémunération fluctuante.

Remarque :
41 étudiant.es sur 64 ont eu un emploi avant d'occuper leur emploi actuel.
 

A. Volume horaire de travail des étudiant.es : analyse du temps de travail et des heures effectuées.

 
Tableau de répartition des étudiant.es en fonction du moment de la semaine où iels déclarent travailler.
Ces étudiant.es travaillent …
En semaine En semaine + le WE Le WE. Total
27 32 5 64


La grande majorité des répondant.es au questionnaire travaillent en semaine, ce qui correspond principalement à leurs horaires de cours. Le volume horaire minimum de travail déclaré est d'une heure, tandis que le volume de travail maximum est de 40 heures par semaine.
Tableau de données sur le nombre d'heures travaillées par les étudiant.es
Min 2
Nombre d'heures travaillées en moyenne 13
Nombre d'heures travaillées Q1 6
Nombre d'heures travaillées Q2 / Médiane 10
Nombre d'heures travaillées Q3 16.6
Max 40

Sur les étudiant.es qui ont un emploi, 75% travaillent moins de 17 heures par semaine. En croisant ces données avec les résultats précédents, on constate qu'une majorité des répondant.es travaillent au moins une semaine et pour une durée inférieure ou égale à 17 heures. Ces résultats diffèrent de ceux obtenus lors de l'enquête sur les conditions des étudiant.es en 2021-2022 : ici la moyenne de travail des étudiant.es salarié.s était de 13 heures par semaine, tandis que dans l'enquête sur les conditions étudiantes, la moyenne était de 8 heures. Selon l'OVE, la moyenne d’heures hebdomadaires travaillées par les étudiant.es était de 16 heures.
 

B. Emploi étudiant et autonomie financière : travailler pour subvenir à ses besoins.

a. Rémunération : analyse du salaire moyen et médian des étudiant.es.
Les données du salaire des répondant.es montrent les statistiques suivantes : la valeur minimale est de 75€ net par mois, la valeur maximale est de 3000€ net par mois, le salaire médian est de 450€ net par mois, le premier quartile (Q1) est de 250€ net par mois et le troisième quartile (Q3) est de 587€ net par mois. Une donnée a dû être exclue des calculs suivants, un.e étudiant.e ayant déclaré avoir un salaire de 85 152€.
 
Tableau de données sur les rémunérations touchées par les étudiant.es.
75 Min
250 Q1
450 Q2
587.5 Q3
3000 Max
486,672 Moyenne


b. Etude des principales catégories de dépense.
Les principaux postes de dépenses identifiés sont le loyer et les repas. Ces deux éléments constituent les dépenses les plus significatives pour les étudiant·es. Ensuite, viennent les dépenses liées aux transports et aux sorties culturelles. Ces dernières revêtent une importance particulière, car elles contribuent à la diffusion de la culture légitime entre les étudiant.es et leur permettent de s'intégrer pleinement à l'environnement de Sciences Po. Un.e étudiant.e témoigne en ce sens « l'activité professionnelle peut être un frein à la socialisation. Impossibilité d'aller en soirée, verre de promotion, etc car l'étudiant travaille ».
 
Répartition du nombre d'interrogé.es en fonction de leurs principaux postes de dépense.
Loyer 43/64
Repas 39/64
Transport 13/64
Abonnement internet 4/64
Fournitures scolaires 2
Livres 6
Sorties culturelles 13
Mutuelle 1
Crédit étudiant 2
Autres 5/64


c. Besoins essentiels et stratégies de survie financière des étudiant.es.
Sur les 64 personnes interrogées, 50 ont déclaré travailler pour subvenir à leurs besoins : 78%
Les 22% restants ont indiqué différentes raisons pour leur emploi :
  • Certain.es ont mentionné la nécessité d'alléger les coûts pour leurs parents, ce qui peut signifier qu'ils cherchent à contribuer financièrement au sein de leur famille.
  • D'autres ont mentionné qu'iels travaillent pour gagner de l'argent de poche supplémentaire, probablement pour couvrir leurs dépenses personnelles.
  • Des étudiant.es ont souligné qu'iels travaillent pour se permettre des loisirs et des activités supplémentaires.
Pour faire face à une situation financière difficile, les étudiant.es ont la possibilité de recourir à d'autres sources de revenus. Selon l'enquête sur les conditions de vie étudiante de 2021-2022, il a été constaté que 59% des étudiant.es choisissent de se restreindre dans leurs dépenses, 38% demandent de l'aide à leur famille, et 26% prennent le risque d'un découvert bancaire.

Capture d’écran des résultats de l’enquête sur les conditions de vie étudiantes 2021-2022 concernant les comportements financiers des étudiant.es.

Pour comprendre les répercussions de l'emploi chez les étudiant.es, il est essentiel de prendre en considération les témoignages directement exprimés par ces dernier.es. Ces témoignages fournissent un aperçu précieux des expériences individuelles et des conséquences vécues par les étudiant.es qui jonglent entre travail et études.
Sur la difficile conciliation entre les études et les emplois, un étudiant témoigne : « je suis obligé de travailler sur des heures de cours d’amphithéâtre, ce qui peut influer sur mes choix de cours à choix ou même l’apprentissage de certains cours ».
Un autre étudiant exprime sa fatigue : « Je n’ai pas disposé du même temps de révision pour les examens que la plupart des étudiants, ni des mêmes heures de sommeil. Par exemple, j’ai dû travailler tout le week-end d’avant les partiels, de 20h jusqu’à 1h du matin ». Parfois, les étudiant.es n'hésitent pas à mettre en péril leur santé, comme l'illustre ce témoignage : « quand ça ne va pas ou que je suis malade, je suis quand même obligé d’aller travailler, ce qui peut aggraver la situation ».
Surtout, les étudiant.es font part d'un profond sentiment d'injustice, se sentant désavantagé.es par rapport à leurs pairs : « Je ne peux pas assister à tous mes cours. J’ai souvent un sentiment d’injustice au niveau des rendus car je dispose de moins de temps. Je n’ai pas de temps pour moi, je suis tout le temps fatiguée ».

 

Complément : L'ampleur du volume horaire de cours à l'IEP : un obstacle à l'emploi étudiant ?

Le présent complément d’enquête a pour objectif de comparer le nombre d'heures de cours à l'IEP de Toulouse avec les autres IEP en France. Afin de garantir des données fiables, nous avons choisi de nous baser sur le volume horaire de la première année, car les données horaires de deuxième année sont plus irrégulières et notamment en raison des départs en mobilité des étudiant.es. Les valeurs horaires hebdomadaires suivantes ont été arrondies à l'unité en se basant sur les informations disponibles provenant de sites internet et de règlements des études d’IEP. Il convient de noter que sur les 10 IEP pris en compte, 3 ne disposent pas d'informations suffisantes ou disponibles pour calculer les heures hebdomadaires de cours dispensés dans ces établissements (Paris, Lille, Grenoble).



En termes de volume d'heures de cours hebdomadaire, l'IEP de Toulouse se situe exactement à la médiane. Cela signifie que 50% des IEP ont un nombre d'heures de cours supérieur et 50% ont un nombre d'heures inférieur, ce qui indique que l'IEP de Toulouse maintient un volume horaire raisonnable. Cette étude devra être actualisée, d’importantes modifications sont en cours dans nombre d’IEP.

Cependant, le volume horaire hebdomadaire de cours n’est la seule variable à prendre en compte pour évaluer la charge de travail des étudiant.es de l’IEP. Il est également essentiel de considérer la charge de travail personnel demandée, celles des travaux de groupe et les périodes de révision : autrement dit, ce n’est pas tant une mesure quantitative qu’une mesure qualitative de l’enseignement enseignée qu’il faut introduire. Pour prendre des décisions fiables et en accord avec la réalité des étudiant.es salariés, il est nécessaire de prendre en compte l'ensemble de ces facteurs.
Pour remédier au problème de la forte charge de travail des étudiant.es et faciliter la conciliation entre les études et les emplois, nous suggérons les mesures suivantes :
  • Il est souvent constaté que les programmes des cours sont très chargés, ce qui peut entraîner des difficultés d'apprentissage et des répercussions dans les conférences de méthode. 
  •  Promouvoir des approches pédagogiques axées sur l'apprentissage actif et la participation des étudiant.es aux conférences de méthode. Les enseignant.es pourraient adopter des méthodes d'enseignement interactives comme des discussions en classe, des études de cas et des activités pratiques, qui favorisent une meilleure compréhension et réduisent la charge de travail pour les étudiant.es.
  • Favoriser l'utilisation de supports de cours et de ressources complémentaires accessibles en ligne. En mettant des documents de cours (enregistrements, cours, compléments de cours) à disposition des étudiant.es, les enseignant.es peuvent faciliter l'accès aux informations nécessaires à l'apprentissage, permettant ainsi aux étudiant.es qui ont un emploi de mieux gérer leur temps et leurs efforts.
  • Offrir des formations et des ateliers sur les compétences en gestion du temps, de planification, de prise de notes efficace et de techniques d'étude, afin d'aider les étudiant.es à optimiser leur temps d'étude et à être plus efficaces dans leurs apprentissages.
  • Former au niveau de l’administration des personnels plus spécifiquement en charge des étudiant.e.s salariés
  • Accroître le nombre de notes nécessaires par conférence de méthode dans le règlement des études : cela qui permettrait de répartir la charge de travail des étudiant.s en plusieurs notes et réduirait ainsi les risques d’échec à la fin du semestre. Par exemple, des galops d’essai pour toutes et tous, et une même grille des chargé.es de CM avec une note d’exposé et une note de plan détaillé de dissertation et une note de participation orale et une note d’examen final sur table (galop) 
  •  Proposer des cours interdisciplinaires aux étudiant.es car ils auraient permis aux étudiant.es de faire des liens entre leurs différentes connaissances et de réduire la duplication d’informations dans différentes CM.

Il ne s’agit bien évidemment que de quelques suggestions à discuter plus largement et au sein des instances représentatives compétentes. .